Après une matinée de cours insoutenable, je m’étais décidé à me consacrer du temps rien que pour moi. Plus de réponses aux appels, plus de réponses aux textos, et encore moins à une personne qui viendrait frapper à ma porte. La seule chose dont j’avais envie, c’était de rester seul et de me reposer. Les événements n’avaient faits que de se chambouler ces derniers temps à un tel point que je me demandais si j’allais arriver à sortir la tête de l’eau un jour. En rentrant chez moi, je balançai mon sac vers mon bureau et je m’écroulai sur mon lit. Et c’est là que contre toute attente, je m’étais endormi. Moi qui ne dors que très peu et qui le vit très bien, j’avais ramassé un véritable coup de masse cette fois-ci. Un peu comme si mon corps lui-même voulait mettre un terme à tout ça. Ça pouvait paraitre absurde, mais ce n’était pas une mauvaise théorie. Quand j’ouvris l’œil, réveillé par un rayon de soleil qui commençait à me déranger, je fus surpris de voir l’heure déjà très avancée de la journée. Il était déjà quinze heure et si je faisais le compte, j’avais du dormir deux bonnes heures. Je me levai d’un bond, déçu d’avoir raté deux heures de ma journée, deux heures pendant lesquelles j’aurais très bien pu aller me balader dans le parc ou encore me faire une petite virée en voiture. Ne sachant pas très bien ce que j’avais envie de faire pour le restant de la journée et n’étant non plus pas assommé de travail ces derniers temps, je me dirigeai vers le petit divan que j’avais installé dans ma chambre et posai mon laptop sur mes genoux. Comme à mon habitude, je me connectai sur Facebook, ce réseau social dont la page de garde était devenue ma propre page d’accueil. Devrais-je dire que j’en étais accro ? Peut-être bien, mais ce site me paraissait si pratique et indispensable que je ne pouvais m’en empêcher. Attention quand-même, je ne dis pas que je fais partie de ceux qui racontent leur vie à tout bout de champ. Mais je dois avouer que je fais partie des curieux qui aiment commenter par-ci par-là de temps en temps. Alors voilà, j’en étais là, enfin connecté sur ce site et regardant un peu partout les nouvelles. Très vite, Pedro, mon meilleur ami, vint me parler. Je sais, j’avais dis que je ne voulais pas être dérangé par qui que ce soit mais je l’avais moi-même cherché en m’y connectant et en ne fermant pas les discutions. Et puis après réflexion, c’était Pedro alors pourquoi est-ce que je ne lui aurais pas répondu ?

Ma conversation avec lui se termina une vingtaine de minutes plus tard, et pour tout avouer, elle m’avait particulièrement troublée. J’étais au courant de son histoire avec Autumn de par Autumn justement. Et entre eux deux, je ne savais plus où mettre de la tête. Autumn avait peur qu’il recommence ces conneries et il avait finalement perdu sa confiance, à un tel point qu’elle changea vite d’avis et décida de ne plus se remettre avec lui. Du coup, il culpabilisait à mort de ce passé qui le rattrapait plus vite qu’il ne l’aurait cru. Mais ce qui me troublait fortement chez lui c’est que même par écrit, je pouvais ressentir ce qu’il me disait. J’avais terminé la conversation en disant que je passerais chez lui dans l’après-midi mais en l’écrivant, je n’avais pas pensé que je le ferais plus rapidement que ça. Il me paraissait urgent d’aller le voir maintenant. Je ne sais pas pourquoi, mais j’avais ce pressentiment. Après avoir éteint mon PC portable, je sortis de l’appartement et descendis les escaliers et me dirigeai vers la sortie du bâtiment. Traversant le campus, j’arrivai au bâtiment des Pandors. Ne faisant pas partie de leurs ennemis et m’y étant déjà rendu à plusieurs reprises, je n’eus aucun mal à entrer. Le premier endroit où je le cherchai fut la salle commune, mais je ne le trouvai pas, et personne ne l’avait vu de la journée. Je continuai alors mes recherches dans différents endroits avant d’essayer sa chambre. Je frappai une première fois deux petits coups … pas de réponse. « Pedro ? » cirais-je alors en frappant à nouveau. N’ayant toujours aucune réponse, je tentai un ultime appel « Pedro fait pas le con, ouvre moi ! ». Mais même avec ça, je n’eus droit à aucune réponse. J’allais perdre patience et faire demi-tour, mais je tentai quand-même le coup et appuyai sur la poignée de la porte. Etrangement, celle-ci était ouverte. « Pedro ? » répétais-je alors, mais toujours aucune réponse. J’entrai alors, calmement, jusqu’au moment où je l’aperçus. Plus aucun mot ne sortit alors de ma bouche, j’étais sous le choc qu’il en soit à un tel point. La pièce était sombre, les rideaux n’ayant toujours pas été ouverts, et une aération n’aurait pas été de refus non plus. Sur la table de nuit régnait un verre de wiski vide ainsi qu’une boite orange de médicaments, également vide. Et lui, il était allongé sur son lit, à moitié inconscient. Alors que toutes les théories plausibles se bousculaient dans ma tête, je me précipitai vers lui et le penchai de côté, histoire qu’il ne s’étouffe pas avec sa langue ou autre chose d’éventuel. En le retournant, je découvris que mes mains étaient pleines de sang et je cherchai d’où il pouvait bien venir. Je ne mis pas longtemps à le découvrir. En plus de ce qu’il s’était infligé avec l’alcool et les médicaments, il s’était entaillé les veines du poignet. Je voyais qu’il luttait, ses paupières étant lourdes. Je me baissai à sa hauteur, le regardant « Pedro reste avec moi, regarde-moi ! Il ne faut pas que tu fermes les yeux d’accord ? Je suis là, je vais m’occuper de toi. » dis-je en lui tenant la tête et en le forçant à me regarder. La première réaction de toute personne aurait été d’appeler une ambulance, mais je sais qu’il m’en aurait voulu pour un tapage pareil. Alors puisqu’il n’était pas totalement inconscient et que je me sentais pour l’instant capable de faire quelque chose, je n’allais pas le faire. Je me relevai et me dirigeai vers sa salle de bain, à la recherche de bandages ou quelque chose dans le genre. J’avais fouillé dans toutes les armoires pour finir par ne rien trouver, et j’avais foutu le bordel complet dans une si petite pièce. J’enlevai alors ma chemise, que je déchirai en lambeaux. Peu importe le prix qu’elle avait coutée, la vie de mon meilleur ami comptait bien plus que ça. Je revins alors vers lui et pris son poignet pour l’emballer. Je pris soin de bien serrer le tout afin que le sang s’écoule le moins possible. Je savais que je devrais aller à l’hôpital avec lui, j’étais incapable de le soigner complètement, n’étant pas médecin. Il avait fini par rouvrir les yeux complètement « Est-ce que ça va ? » lui dis-je alors calmement, espérant une réponse plus ou moins positive.