La vie a un sens logique, sens que prendra toute vie de toute personne. On vient au monde, on grandit auprès de notre famille, on va à la crèche, puis vient l’école, le lycée et puis enfin la fac, ensuite on se trouve un boulot qu’on a eu envie de faire ou pas, et la vie continue. Voilà le sens logique de la vie. Enfin ça, c’est pour les gens « normaux », ceux à qui il n’arrive presque rien d’anormal. Moi, le sens logique de la vie, je ne l’ai suivit qu’à partir du premier point, après ça, tout a été chamboulé et il suffit d’un petit détail pour que tout – ou presque – change.
J’ai aujourd’hui vingt-et-un ans, et vous savez quoi ? Jusqu’à il y a quelques années, je vivais dans le mensonge total. Vous savez, vous grandissez auprès de votre famille comme tout enfant, le second point du sens logique de la vie, sauf qu’un jour, au détour d’un petit quelque chose, vous apprenez que cette famille auprès de laquelle vous avez grandi n’est pas la vôtre. Enfin si, sauf que vous n’y êtes pas arrivé naturellement, simplement que c’est elle qui vous a choisi au milieu de tas d’autres enfants. Ce mot me reste encore au travers de la gorge, mais les choses sont ce qu’elles sont, et il faut bien que je les assume. J’ai été adopté. « Adopté » ce mot résonne dans ma tête depuis six ans déjà et je ne m’y suis toujours pas fait. Non mais mettez vous une seconde à peine à ma place. Non, même, impossible que cous ressentiez ce que je ressens. Certes, je suis un être abandonné, mais je ne me sens pas comme tel, je me sens plutôt sali et déshonoré. Et comme toute personne à qui ça arrive, il est évident que la question principale est « Pourquoi ? ». Et comme dans beaucoup d’histoires, rien n’est facile, pas même à découvrir. Et pourtant je me suis acharné. Je voulais savoir et maintenant que je sais … Je me demande pourquoi j’ai cherché à savoir. Au fond, n’étais-je pas mieux à ignorer toute la vérité et à continuer à vivre de manière insignifiante. La vérité arrive toujours au moment où on s’y attend le moins, même si on la cherche depuis un bout de temps. Et la vérité arrive toujours là où ça fait mal. Et quelque soit cette forme de vérité, personne ne pourra le nier, c’est toujours pareil. Alors voilà mon histoire, telle que je la connais aujourd’hui, avec ses parts de mystères et ses parts de vérité mais toujours avec des pièces manquantes.
Jusqu’à mes dix ans, tout est flou, du moins surtout pour le début. Les Heathlay, ma famille adoptive, m’avait racontée que j’étais né de leur union à Los Angeles même. Mais suite à mon appel à un détective privé, la réalité est toute autre. Je suis né à Washington, le 4 avril 1989 – heureusement ma date de naissance n’a pas changée, elle. Seulement voilà, surprise totale, je n’étais pas seul à venir au monde ce jour-là. Vous allez me dire, quoi de plus étonnant n’est-ce pas ? Je n’allais pas être le seul bébé au monde à naitre ce jour-là. Mais ce que je veux dire c’est que ma mère ne m’attendait pas seulement moi, mais elle attendait bel et bien des jumeaux. Un garçon et une fille. Elle est sortie avant moi, ce qui fait de moi le plus âgé mais ça, je m’en fiche royalement, ce n’est qu’un petit détail de rien du tout qui n’intéresse personne. Enfin bref, revenons-en à la suite. Il y avait de l’eau dans le gaz chez les Jackson, mes parents et le nom de famille qui devrait d’ailleurs être le mien. En bref, ça n’allait vraiment plus dans leur couple et l’arrivée de leurs jumeaux n’a pas facilité les choses. D’un commun accord, ils se sont séparés, gardant chacun un des deux bébés. C’est ma mère qui est partie à Los Angeles et qui m’a emmenée avec elle. Seulement il n’en a pas fallu plus de deux semaines pour qu’elle tombe en dépression. Se sentant incapable de m’élever ainsi, elle m’a déposée dans un centre d’adoption, pour ensuite revenir, seule, chez mon père en pleurant et retrouver sa vie d’avant, avec une petite fille seulement. Et moi, j’étais là, innocent et surtout inconscient, dans cet orphelinat. On m’adopta à mes six mois, ce qui justifie largement le fait que je ne me rappelle de rien de ce moment passé là-bas, et que ma famille adoptive ait pu me raconter tous les cracks qu’elle voulait. A partir de ce moment là, j’ai grandi comme un petit garçon normal et insignifiant. Je suis passé par tous les passages normaux de la vie, et inutile de tous vous les citer, vous risqueriez de vous ennuyer. Non, tout a vraiment été normal, jusqu’à l’âge de quinze ans, quand j’ai appris que ces quinze années d’existence n’avaient été que mensonges et tromperies. Pas de leur faute ? Je n’ai pas de pitié pour des menteurs, que je l’ai appelée « maman » jusqu’à ce jour ou non. Quelques jours plus tard, je suis parti. Etant un garçon déjà très prévoyant et réaliste, j’avais économisé depuis longtemps déjà le surplus d’argent que je recevais à n’importe quelle occasion. Et je ne regrette absolument pas de l’avoir fait. Sac sur le dos et billets en poche, j’ai quitté Los Angeles pour me rendre à Las Vegas, là où le rêve prend tout son sens et où tout est permis. Très jeune j’ai enchainé les petits jobs un peu partout, tout en continuant ma scolarité normalement. Je me suis trouvé un appartement, une voiture, et je vivais de manière autonome. Je ne demandais rien à personne et personne ne me demandait rien. Il y a deux ans, en même temps que mon entrée en fac de droit, j’ai engagé un détective privé pour qu’il fasse son enquête sur mon histoire. Peu importe le prix. Il y a quelques semaines, j’ai eu enfin toutes les réponses. Et j’en reviens toujours au même point « Pourquoi est-ce que j’ai cherché à savoir ça ? ». Parce que vous savez, la vérité frappe là où on s’en attend le moins, et celle que j’aime aujourd’hui n’est autre que ma propre sœur … jumelle.
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