Cassius venait de se lever de la table, il attendit que la jeune femme qui l’accompagnait ne se lève aussi pour se diriger vers la sortie, question d’éducation et de principe. Un serveur leur tendit leurs vestes, prenant celle de sa compagne, il la déposa lui-même sur ses épaules avant de prendre la sienne et d’enfiler son écharpe avec nonchalance, ils sortirent alors du restaurant sous le regard curieux de quelques connaissances et marchèrent sans une parole, empruntant la sortie pour se retrouver dehors
« Tu ne parles pas depuis la fin du repas. » constata Cassius en gardant son attention fixée devant lui.
« Je suis juste surprise… »
« Surprise de quoi ? Que je ne sois pas qu’un gros connard prétentieux ? Ça m’arrive par moment. » lâcha t il en levant les yeux devant.
« Arrête tu sais très bien ce que je veux dire… »
« … »
« Au fait tes cours, tu… »
« On est vraiment obligé de parler de cours ? » la coupa t il en levant les yeux vers elle avec une mine presque ennuyée, mélange d’une aristocratie tête à claque et d’un homme profondément décidé à ne pas aborder un seul sujet sérieux. Se rendant compte de sa dureté, il se reprit après avoir éclairci sa voix.
« Enfin, je veux dire, on a passé une bonne soirée, ne la gâchons pas avec des sujets trop sérieux. Ils ont le don de me rendre grincheux. » En voyant son expression il précisa
« Enfin, plus que d’habitude… »La jeune femme se mit alors à rire. Rire à la fois amusé et nerveux, elle ne savait absolument pas sur quel pied danser. Cassius l’avait ignoré pendant des années et voila qu’une semaine auparavant, il était venu la voir un après midi à la bibliothèque pour lui demander un diner.
« Je m’engage à trouver tout autres sujets non politiquement non correct, inutile qui soit en mesure de ne pas te choquer » lui dit il alors qu’il se lançait dans une explication nébuleuse et farfelue sur les mafia des casino. Sujet évidement inventé à l’instant même
.« …Tout ça pour dire, que chaque jour ils coupent les doigts des types qui ont fait nawak'» expliqua t il alors qu’ils s’arrêtaient devant l’entrée de la sa chambre.
« Te voila chez toi, en sécurité. » lança t elle en tentant de se tenir tranquille pour cacher son anxiété.
« Oui effectivement, encore merci sans toi, je me serais perdu et mort de peur, la solitude est une véritable angoisse. » lui répondit il avec toute l’ironie qu’il avait l’habitude d’utiliser. Habitué à marcher au culot, il précisa
: « J’ai également peur du noir et des lits vides, tu crois que tu pourrais rentrer avec moi ? Histoire de vérifier qu’il n’y a pas un monstre dans les draps ? »Le fils Caldwell, n’avait honte de rien et surtout était capable de proposer tout et n’importe quoi – c'est ce qui arrive quand on est élevé en petit prince, on pense que tout est possible-, après tout c’était une invitation comme une autre, ils étaient grands à présent. La jeune femme hésita alors un instant avant de répondre.
« Tu es un grand garçon non, je crois que tu es capable de te débrouiller seul. » Elle connaissait sa réputation, celle de charmer, envouter pour une nuit sensationnelle puis d'abandonner après un exploit réalisé. Vouloir plus de sa part, c'était une utopie, une chimère.
Mauvaise réponse, c’était bien ennuyeux, tout ses efforts pour rien, descendant d’une marche pour être à son niveau, il passa une main dans ses cheveux et joua avec une mèche, humant son odeur avant de se baisser pour lui murmurer à l’oreille.
« L’hésitation est une mauvaise chose. » L’empêchant de déposer ses lèvres sur les siennes. Elle venait de perdre son ticket. Dommage pour elle.
« Et bien bonne nuit mademoiselle. » lui dit il avant de rentrer et de disparaître derrière la porte, la laissant la seule, dans le couloir.
* * * *
Le réveil fut difficile, sans doute à cause des doses abrutissantes d'alcool qu'il avait bu la veille. Poussant un grognement avant de s'extirper du lit, il observa les alentours alors que tout lui revenait... Ah, c'est vrai la brune du bar de la veille. Il était rentré avec elle... Mieux valait ça que de dormir dehors parce qu'on ne parvenait pas à retrouver le chemin de chez soi. Elle bougea à son tour dans les draps alors qu'il récupérait ses vêtements étalés dans la chambre. Fouillant les poches de son jean à la recherche de son paquet de cigarette, il commença à lâcher des jurons alors qu'il fouillait la chambre sans la moindre gène. Les mots « convenance » et « règles » semblaient inconnus à Cassius, ce n'était pas faute pour ses parents d'avoir essayé d'apprendre.
« Tu pars déjà? » se fit entendre une voix dans son dos.
Continuant à fouiller sans se préoccuper de répondre, il porta son butin récent -une bouteille de Coca Cola- à sa bouche pour en boire une longue rasade et trouva enfin une cigarette qu'il coinça au bord de ses lèvres.
« J'ai du boulot. » lâcha t il de sa voix roque abimée par l'alcool et les cigarettes de la veille. Se retournant vers elle, il put enfin l'observer, brune, petite, des yeux foncés, des traits fins. S'approchant à nouveau du lit, il attrapa au passage son tee shirt alors qu'elle lui attrapait le bras pour l'inciter à la rejoindre. Retirant un instant sa clope de ses lèvres, il la laissa l'embrasser.
« Tu étais un peu plus réticente hier soir quand je t'ai proposé de t'offrir un verre non? » « C'était avant de te connaître. » Cassius afficha une moue dubitative, c'était généralement l'inverse.
« Première fois qu'on me sort ça. » répondit il en se relevant du lit et en enfilant ses Ray Ban sur son nez. Elles étaient indispensables pour que ses yeux fatigués soient protégés de la lumière extérieure et surtout cacher ses cernes trahissant sa nuit agitée.
« On se reverra? » demanda t elle en retournant sous les draps. Cassius s'immobilisa devant la porte, réfléchissant quelques secondes avant de lui répondre.
« Tu connais mon prénom, tu sais sais que je suis étudiant. A toi de faire bouger les choses si c'est ce que tu veux. » Il était généralement un adepte de
« Non merci je ne me ressers jamais une deuxième fois » mais quelques exceptions pouvaient se faire surtout s'il était curieux de voir comment elle allait s'en sortir.
Quittant le bâtiment, il traversa la rue en allumant sa cigarette tout en prenant la direction de l'université et sortit son portable. Timing presque parfait, il avait le temps de se réveiller un peu plus, de terminer sa cigarette et il serait au rendez vous avec seulement 5 min de retard.