Cher Journal,
Déjà, je me demande pourquoi je t'appelle comme ça. C'est vrai, après tout, t'es qu'un simple ordinateur portable pourri qui me sert habituellement à résumer mes cours et à écrire mes articles. Seulement, aujourd'hui, je sais pas exactement ce qui me prend, mais j'ai envie d'écrire. Sur moi, sur ma famille, sur ma vie, sur mon rôle chez les Rocks. Sur Robyn. Rien qu'écrire son nom, ça fait battre mon cœur plus vite. Faut définitivement que je me le sorte de la tête.
Bref! Commençons par le commencement, donc. Je suis née il y a de ça quasiment vingt ans (ne jouons plus sur le peu de mois qu'il me reste avant cette date fatidique que je vais haïr dès l'an prochain) à Vancouver, au Canada. C'est la première explication concernant les deux langues que je parle couramment : anglais et français. Encore une fois, peu importe! J'ai donc une mère, Melany, héritière (riche) d'une très grande ligne d'hôtels de luxe, aimante quoiqu'un peu absente dans mon enfance, et un père, Frank, cadre d'entreprise, beaucoup plus présent, qui m'a toujours aimée comme la huitième merveille du monde. Deux ans plus tard, je fus rejointe par Penelope, ma petite sœur. Un bébé que j'ai aimé au premier regard, peut-être même avant selon mon père. Nous étions, depuis toujours, inséparables. Et du haut de mes deux ans, il arrivait que certaines nuits, je me lève pour rejoindre ma mère qui lui donnait le sein. Une belle histoire qui nous donne, aujourd'hui encore, une amitié qui ne sera jamais brisée.
Soit. L'école a toujours été pour moi un lieu où je découvrais les différences des autres. Malgré le rang élevé de ma famille dans le société, je n'avais jamais été une gamine pourrie gâtée, bien au contraire. Bien élevée et polie, j'ai toujours été quelqu'un de doux, et à l'écoute des autres. Mon caractère posé et calme s'était très vite révélé, contrairement à celui de ma petite sœur, qui était bien plus énergique que moi. À l'adolescence, d'ailleurs, on remarqua bien vite que je préférais m'effacer, ne pas être au devant de la scène. Je portais de beaux vêtements, mais rien de trop voyant, et on me remarquait surtout à cause de ma chevelure blonde très frisée, assez inhabituelle. J'avais assez peu d'amis, mais ces derniers étaient fidèles. Concernant les amours, les petits amis étaient rares, mais sérieux. Je ne me suis jamais lancée dans quelque chose à l'aveuglette, et il fallait que j'ai de réels sentiments pour avoir des relations plus poussées. Bref, j'étais la petite fille parfaite, sage, qui obtenait de très bons résultats à l'école. J'avais même une classe d'avance, ce qui me permit de pouvoir entrer à l'université à l'aube de ma dix-septième année. Université qui a tout changé...
À la base, j'avais décidé de rester à Vancouver et d'étudier le journalisme là. Sauf qu'un matin, mon père m'annonça que j'avais une place réservée à l'université de Las Vegas. Pourquoi? Ca, je n'en avais aucune idée jusqu'à l'an passé, où ils se sont enfin décidé à me dire qu'ils m'avaient envoyée là-bas pour que je m'ouvre un peu plus et que je profite de la vie. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que ça n'a pas manqué! Pour changer... j'ai changé. De la jeune fille assez renfermée et modèle, j'étais passé à la véritable garce en chef de l'université. Je suis devenue l'une des plus populaires, l'une de celles qui a le plus d'amis, et qui a les plus beaux garçons qui passent dans son lit. Et le must du must : je suis devenue la Présidente de l'une des confréries : les Rocks. Pas la peine de m'emmerder, ou les gens risquent de s'en prendre plein la figure. Comment je suis devenue comme ça? Lors de mon baptême, à mon entrée chez les Rocks donc. C'est le co-président qui m'avait fait passer mon entrée. Et le moins que l'on puisse dire, c'était que ça avait été éprouvant. Robyn McAlister. L'un des gars les plus beaux du campus, mais également le pire tortionnaire qui soit. J'avais eu droit à tout. Du plus simple (bain de minuit à poil dans la fontaine face à l'un des plus grands hôtels du strip) au plus compliqué (vider cinq bouteilles de tequila pour réussir enfin à le battre à un jeu à boire et manquer de peu le coma éthylique). Alcool, sexe, dérision, torture. J'avais eu droit à tout, sauf à la drogue. Je l'avais détesté, pour tout ce qu'il m'avait fait. A la fin de mon "examen d'entrée", j'avais dormi trois jours de suite, ne me levant que pour me nourrir un peu. Puis, j'étais entrée dans la confrérie. Et l'année suivante, j'en devenais la présidente. Il se dit que j'ai été fortement recommandée par mon tortionnaire, mais rien n'est sûr. Toujours est-il que j'ai eu la place suprême, et que je l'ai toujours. Robyn, quant à lui, est devenu mon co-président, et nous menons d'une main de fer cette confrérie de fous.
Et voilà ce que je suis aujourd'hui. Froide, manipulatrice, souvent imperturbable et méchante. Je me fiche de ce que pensent les gens. Je couche régulièrement avec des hommes différents, pour une nuit. J'ai une amitié améliorée depuis six mois avec Robyn. Je tombe amoureuse de lui, et ça m'insupporte. Je veux le sortir de ma tête, mais c'est impossible. Quand j'arrive à arrêter de penser à lui ne fut-ce qu'une journée, le soir-même, il vient me voir, et on finit dans le même lit. Or, je sais qu'il n'y aucune chance qu'un jour, je sois avec lui. Toutefois, dès que je me retrouve seule, je suis à nouveau comme je l'étais avant. Douce, sensible. Il arrive souvent que je m'isole sous diverses excuses. Simplement parce que je n'ai qu'un besoin : le calme. Niveau études, je suis en fin de deuxième année de journalisme, et j'ai réussi brillamment. J'ai franchement hâte de terminer tout cela... |